vendredi 19 mars 2010

Y'en po plou

Alors qu'est-ce que je conseille à ceux qui auraient quelques demi-journées à combler et besoin de mettre un peu de piment dans leur vie? Le mieux à mon avis est d'aller se faire faire un DNI, la carte d'identité d'ici. Et si possible en embarquant toute la famille, parce que juste pour une personne c'est pas marrant... Je vous promets du suspens, de l'action, des rebondissements, mais aussi un stage accéléré de maîtrise de soi en milieu hostile qui pourrait s'intituler "je respire et je reste zen pour ne pas craquer".

On y va c'est parti, mode d'emploi et déroulement des opérations:

Acte I:
-> Je retrousse mes manches et je constitue le dossier à la lecture des documents demandés. Comme par exemple, attention on prend sa respiration, le certificat de naissance au format multilingue et apostillé par la cour d'appel compétente (don't panic, je fais les fonds de tiroir, ouffffffffff il m'en reste un dernier exemplaire pour chacun de nous 4, y'a failli avoir du stress). Ou bien la copie du passeport traduite en espagnol par un traducteur assermenté, et certifiée par l'association des traducteurs assermentés d'Argentine. Bon sur ce coup-là j'avoue, comme on a tous les 4 des passeports dernière génération on n'a pas été obligés de passer par la case traduction, on est donc des petits joueurs.

Acte II:
-> Je prends rendez-vous auprès des services d'immigration pour le dépôt des dossiers. Verdict: 3 mois de délai. Pas grave, je suis d'un naturel patient (ha ha), et puis avoir rendez-vous cela signifie que le jour J on n'attendra pas trop (re ha ha quand j'y pense)... Par contre pas le choix sur la date et l'heure, inutile de pleurer sous prétexte que ça tombe pile poil quand pluton a son ascendant en neptune.

Acte III:
-> Le jour J et la bouche en coeur, je cours aux 4 coins de la ville récupérer tous les membres de la famille, et je confie notre destin au GPS chargé de nous emmener sur le lieu du RDV... Pas de bol, l'adresse est inconnue au bataillon, et c'est parti pour une chasse au trésor au milieu des klaxons.

Acte IV:
-> Après une enquête digne de "A la recherche de l'arche perdue", nous voici devant le bâtiment, ou plutôt le campement devrais-je dire. Car pendant les travaux, tout le service a été transféré sous une immense tente-chapiteau, ambiance base militaire au milieu du désert. Je verrais débarouler les chars que ça ne m'étonnerait pas. Mais que ne ferions-nous pas pour obtenir notre DNI, nous sommes prêts à (presque) tout affronter.

Acte V:
-> Comme les dizaines de personnes devant moi, qui ont toutes rendez-vous le même jour à la même heure, je fais la première queue (eh oui, car je vois bien qu'après cette étape il y en aura d'autres). 1h30 d'attente et de pleurs des enfants pour arriver au guichet et s'entendre dire: "Ah ben vous êtes 4, c'est balaud parce qu'on a retenu un seul rendez-vous, donc le monsieur il reste mais les 3 autres ils reviendront le jour où ils auront rdv" (envie de tout envoyer bouler)... le tout en espagnol donc c'est pas de la retranscription exacte mais ça voulait dire ceci. Le prochain créneau qu'on nous propose étant dans 3 mois, on commence à faire un scandale. Heureusement la société de Cyril a miraculeusement réussi à nous avoir les 3 rendez-vous dans la semaine en menaçant de faire un coup d'état.

Acte VI:
-> Je me présente le jour Jbis sur le lieu du drame avec les 2 enfants. Toujours autant de monde, la première attente de 1h30 se re-passe dans les pleurs car Dimitri s'impatiente pendant qu'Arthur décide de jouer à cache-cache derrière les centaines de sièges au fin-fond du chapiteau, la tension commence à monter... Finalement tout se passe bien au premier guichet, on avait les bons rendez-vous c'est ok. On a donc gagné le droit d'attendre pour la deuxième étape, à nouveau 1h30 d'attente, Yeaaaah!

Acte VII:
-> Nous voilà appelés, on y croit on se bat, bientôt tout cela ne sera plus qu'on mauvais souvenir. Sauf que voilà, un DNI ça se mérite: Et c'est parti pour une prise des 10 empreintes digitales de Dimitri, 11 mois. Alors là y'a fallu appeler du renfort, imaginez-le à 4 pattes sur le bureau d'un fonctionnaire de l'immigration affairé à isoler chacun de ses petits doigts pour le tremper dans l'encre et l'apposer dans la bonne case d'un formulaire, pendant que le petiot se débattait en hurlant, que je lui tenais les jambes et qu'un agent de sécurité avait été réquisitionné pour faire diversion. Au bout de 3/4 h d'efforts l'opération était un succès, mais c'est ce moment précis qu'a choisi Dimitri, toujours à 4 pattes sur le bureau, pour faire 2 énormes vomis probablement pour se venger de la torture subie (gros moment de solitude). J'ai surtout crû qu'il faudrait tout recommencer car les formulaires n'étaient pas vomiproof, mais l'agent dans la rage du désespoir a su effectuer les gestes qui sauvent pour récupérer les précieux papiers.


Acte VIII:
-> Et c'est là qu'arrive le coup de théâtre, j'y croyais pourtant. Le dossier de Dimitri ne pouvait pas suivre la procédure standard car c'était un bébé (ah bon, contente de l'apprendre). On me demande donc pour conclure l'affaire, une photo de lui. Ceci tombe comme un cheveu sur la soupe, cela ne figurait nulle part dans la liste des documents à apporter, mais miracle (le ciel doit être avec moi me dis-je en mon for intérieur), voilà-t-y pas que je trouve une ultime photo d'identité de lui sur fond blanc cachée au fin fond de mon portefeuille, et respectant qui-plus-est la norme argentine d'avoir la tête tournée à 39° vers l'Est. Je la donne confiante, et j'apprends, décomposée, que désormais les photos pour être valables doivent en plus être sur fond AZUL ou CELESTE, bleu quoi!!!! Faudra donc repasser, non je vous jure, ce jour-là on m'aura tout fait.

Acte IX:
-> Bon je passe sur le fait que moi non plus je n'ai pas pu finaliser le dossier, car dans l'enveloppe remise par l'ambassade d'Argentine à Paris et nécessaire au DNI il y avait une erreur dans mon nom de famille. Je n'en étais plus à ça près. Vas savoir pourquoi on a quand-même réussi à faire celui d'Arthur qui avait pourtant décidé de m'en faire baver, et qui s'était mis à faire des grimaces quand l'agent essayait de faire la photo numérique. Le problème est donc réglé pour la moitié de la famille, c'est déjà ça.

Conclusion:
-> Vous l'aurez compris l'histoire n'est pas encore terminée... Mais pour ceux qui ont eu le courage de lire le récit jusqu'au bout, voici une photo de la scène, prise en partant au moment où tout le monde fermait boutique même si j'aurai à nouveau l'occasion d'y retourner.

4 commentaires:

beltranso a dit…

Quand tu penses que de nombreuses entreprises organisent des stages foireux de maîtrise du stress dans des coins perdus.... Finalement un séjour en immersion dans la vie quotidienne en Argentine pourrait être plus dépaysant et plus efficace !! ?? J'admire ton calme..... Je crois que je serai partie avant l'acte IX ! Et franchement, il me plaît bien ce petit Dimitri: le coup du vomi, j'avoue ça m'a fait bien rire même si je comprends ce grand moment de solitude pour toi !!! Au fait, tu as vraiment besoin de la DNI ? Ca ne se trouve pas au supermarché en promo par hasard ?????

Anonyme a dit…

meme si tu as vécu un enfer et un grand moment de solitude, cela ne m'a pas empéché d'etre morte de rire en imaginant les scènes; Je vois bien Arthur faisant des grimaces pour la photo destinée au FBI argentin; simplement, à la fin du film il manquait un ou deux cadavres de fonctionnaires zélés.
mamiejo

Delphine a dit…

J'ai bien ri aussi en imaginant dimitri dans son ultime vengeance ! et en train de vouloir rendre la poudre d'escampette !
Et ce petit diable d'arthur qui en a rajouté ! a defaut tu sais que les photos sur fond bleu mais avec grimaces sont ok !

Finalement la poste a cote c'etait tt facile !

La suite ds 3 mois du coup ?

Los Raffytos a dit…

Et le pire, c'est que tu n'as qu'un seul droit : Te taire, sinon retour à la case départ...
Suerte amiga !!